Quid des parfums hespéridés ?
Vous avez dit parfums hespéridés ? Qu’est ce que cela veut dire ? Eclairage sur ce terme employé dans le microcosme de la haute parfumerie et les derniers jus hespéridés qui m’ont séduit.
Orange, citron, bigarade, lime, pamplemousse, cédrat, orange amère, bergamote, mandarine : autant d’agrumes qui proviennent du jardin des Hespérides, un jardin au Maroc où des nymphes surveillaient des oranges qui donnaient le pouvoir d’immortalité et qui furent dérobées par Héraklès.
En matière de parfumeries, les hespéridés désignent donc une des familles olfactives, la plus ancienne, puisque les agrumes sont une des composantes majeures des eaux de Cologne.
Les caractéristiques des hespéridés
Allant du jaune vif au vert en passant par tous les orangés, les agrumes ont une couleur solaire qui par essence même sont synonymes de fraîcheur, de vivacité, de tonicité, de pétillance. Ces fruits là sont d’une richesse incomparable puisqu’on utilise toute la plante de son jus, à sa pulpe, à sa peau extérieure, tant pour en extraire des essences que des huiles essentielles.
Qui fut le premier hespéridé ?
Une odeur à la frontière entre l’hygiène corporelle, le produit parfumant de beauté et le soin médicinal : l’eau de Cologne ! En France, la toute première Eau de Cologne célèbre est celle de Jean Marie Farina (Roger & Gallet) qui a ouvert la voie aux dérivés de la Cologne que sont les eaux fraîches.
Les hespéridés sont-ils une famille qui va durer ?
Assurément, car ces odeurs là sont un rayon de soleil dans la vie et elles apportent bien-être et joie. Ces jus au départ légers et volatils ont été enrichis par des fleurs, des fruits, des épices qui leur ont apporté de la puissance, de la tenue ; les faisant évoluer vers de vrais parfums et ouvrant le champ à d’autres expériences olfactives.
Les derniers hespéridés que j’ai aimés
Pétillante Verveine de Durance : cette eau appartient à la gamme des Eternelles de Durance, une collection de parfums issus de jardins provençaux et méditerranéens.
Avec des ingrédients qui sont naturels à 95 %, Pétillante Verveine est une ode aux agrumes de Calabre, dont le citron, lesquels sont évoqués dans leur facette ‘feuilles froissées’. Ce côté herbacé vivifiant est renforcé par une absolue de verveine du Maroc.
100 ml, 32 €.
Mon Numéro 9 de L’Artisan Parfumeur : ce jus fait partie des Colognes de L’Artisan Parfumeur dont les matières premières ont été détournées pour enrichir encore le registre de la fraîcheur. Aux notes d’agrumes du départ (cédrat, petit grain de citronnier) s’ajoutent des touches inattendues de cyclamen et de feuille de shiso pour rappeler la coutume des baignades japonaises dans les eaux chaudes et naturelles. Myrrhe, vétiver et patchouli confèrent la profondeur de fond.
100 ml, 115 €.
Chinotto di Liguria d’Acqua di Parma : voilà une très belle fragrance de la ligne Blu Mediterraneo au flacon bleu profond. C’est le fruit rare et précieux, le chinotto, un petit agrume amer, produit par une variété de bigaradier originaire de Chine. Ce « Chinotto di Liguria » m’a émerveillée par son odeur magique : aigre et douce en même temps. Il est associé à la fraîcheur revigorante de la mandarine, à la douceur du jasmin, à l’épicé du romarin et de la cardamome, à la chaleur de muscs.
150 ml, 118 €.
Clémentine California d’Atelier Cologne : cette fragrance respire la joie de vivre et le soleil des contrées ensoleillées.
En tête, des agrumes (clémentine de Californie et mandarine italienne)qui sont piqués d’épices en cœur par du basilic égyptien, de l’anis étoilé et du poivre chinois et boisés en fond par du vétiver haïtien, du santal de Nouvelle Calédonie et du cyprès français.
200 ml, 165 €.
Poison Dior Unexpected de Dior : un sexy-gourmand à l’ornage bigarade
Le nez François Demachy détourne un hespéridé en une « sensation forte et ambivalente d’un bonbon acidulé ».
Néanmoins au delà de la douceur sucrée un tantinet régressivo-enfantine, la note d’orange bigarade juteuse est bien présente pour apporter fraicheur et piquant.
Elle est adoucie par du jasmin, de la rose damascena, puis rendue gourmande par la fève tonka, la vanille, le gingembre.
100 ml, 112, 50 € et le roller pearl de 20 ml, 41 €.
Eau de Citron Noir d’Hermès : découverte fortuite d’un jus qui utilise une matière inédite, le citron noir.
En interrogeant le nez de la maison Hermès, la révélation se dessine peu à peu : la talentueuse Christine Nagel a exploré l’univers des citrons : citron caviar, combawa, main de Bouddha, citron Euréka. Mais parmi ces citrons originaux, elle est interpellée par le citron noir, un agrume fumé, racé qui de mon point de vue est utilisé pour la 1 ère fois en parfumerie fine.
Après la mythique réussite de l’Eau d’Orange Verte, une Cologne successful qui a incité Hermès à poursuivre dans le monde des parfums ; l’Eau de Citron Noir réinvente une Cologne hespéridée en une version contemporaine, explosive et fumée.
De ce lime acidulé, bouilli puis séché longuement au soleil sont extraites des notes boisées, fumées qui expriment une certaine tension et une réelle vivacité du jus.
100 ml, 98 €.
Quatre en Rose de Boucheron
Encore un intéressant et nouvel opus du sillage Quatre : une ode à la rose mais une rose diablement hespéridée par une mandarine pétillante. Un bouquet fruité et sexy qui se love dans le flacon mythique à doubles godrons.
Une eau de parfum aussi élégante que les bijoux de ce joaillier de la place Vendôme/
100 ml, 104 € ; en parfumeries sélectives.
Alessandrite 1 Storie Veneziane by Valmont : la marque suisse et premium de soins se lance dans la parfumerie fine mais en une version ‘joaillerie olfactive’ avec des jus précieux en édition limitée.
L’une des 5 fragrances bien que fleurie par le jasmin est fortement hespéridée par deux composants : son départ de bergamote, son fond en aldéhydes ; les aldéhydes étant des molécules synthétiques qui existent à l’état naturel dans les agrumes. L’odeur des aldéhydes est à la fois chaude, vivifiante et orangée.
100 ml, 390 €.
Néroli Amara de Van Cleef & Arpels
Une nouvelle fragrance, hespéridée cette fois, qui entre maintenant dans la ‘Collection Extraordinaire’ du joaillier Van Cleef & Arpels ; un jus autour d’un arbre non moins inouï.
En effet, c’est le bigaradier, un arbre à orange amère, qui a inspiré le nez. Cet arbre intéresse tout spécialement les créateurs en olfaction ; car il offre une large palette de composants mythiques de la parfumerie.
Ses pétales blancs sont distillés à la vapeur et on obtient du néroli ; l’absolu de fleur d’oranger nécessite une extraction des fleurs aux solvants ; le petit-grain est issu des feuilles de l’arbre et l’essence d’écorces d’orange est pressée à froid.
Quentin Bisch, le nez Givaudan pour Van Cleef & Arpels, a combiné l’absolu de fleur d’oranger à 3 agrumes, citron d’Italie, mandarine et bergamote. Autant dire qu’au premier splash du jus, la fraîcheur d’une Cologne vous envahit et c’est cet accent méditerranéen qui demeure en peau même si des notes de baies roses, de fleurs et de cyprès s’ajoutent en fond.
75 ml, 139 € ; en exclu aux Printemps et aux Galeries Lafayette Haussmann.
Eau de Givenchy par Givenchy
En 1980 Hubert de Givenchy crée un parfum qui allait devenir emblématique de sa maison : Eau de Givenchy.
Propriétaire d’un lieu de vacances à St Jean Cap Ferrat qu’il aimait tout particulièrement, le couturier rend avec cette fragrance hommage à cette France du Sud entre mer et mandariniers.
Réinventé ce jus identitaire révèle des agrumes dont la bergamote qui sont associés à une fleur d’oranger et des muscs ; conférant ainsi à cette eau de toilette une réelle fraîcheur et une certaine délicatesse idéales pour les beaux jours.
100 ml, 80 € ; en avant-première dès maintenant chez Nocibé et début juillet dans les parfumeries, grands magasins agréés Givenchy.
Prix susceptibles de modification selon les points de vente.