Perche : La Villa Fol Avril, Les Poulardes de Culoiseau
Une balade improvisée dans l’Orne et le parc naturel régional du Perche m’a permis de découvrir sur deux pépites locales : un charmant hôtel restaurant, des poulardes d’un goût incomparable.
Profitant des vacances scolaires ma voiture m’a entraînée pour une promenade incongrue à quelques 140 kms de Paris. Au-delà de Chartres, je suis tombée sur le ravissant petit village de Moutiers au Perche. Proche de l’Eure et Loire et aux confins de l’Orne, c’est l’un des plus anciens villages du Perche avec un vestige de tour d’enceinte, une église en partie XII è et XVI ème au clocher atypique et aux amusantes gargouilles. On dit même que Jean de La Fontaine est passé souvent dans le coin lorsqu’il empruntait « la route du Libérot » (ancienne route royale de Paris), car il est venu souvent séjourner au proche Château de Voré (actuellement une propriété privée).
Ces courtes visites m’avaient ouvert l’appétit et dans ce patelin d’environ 450 habitants j’espérais, si j’étais chanceuse, une boulangerie ou un café de village où se retrouvent les quelques « alcoolos » du coin. Veine inouïe : je tombe sur un hôtel de charme ravissamment décoré. Aux innocents les mains pleines ! Pendant mon repas, j’ai découvert que le lieu était non seulement connu du coin mais réputé et avait une clientèle fidèle de touristes (plutôt des Parisiens d’ailleurs) en mal de calme et de bonne gastronomie. Il n’y a pas à dire : la France recèle des trésors dans des lieux reculés ou improbables.
Ni décor rustique, ni modernisme déplacé et prétentieux ; mais une salle de restaurant chaleureuse et un peu design se cachant dans une bâtisse reconstruite sur les bases d’un relais de poste du XIXème siècle. Un bâti extérieur respectant les traditions régionales avec crépi jaune safran et pierres apparentes, un aménagement avec des matériaux naturels et bruts tels que chaux, bois, lin et jonc de mer pour les 12 chambres. Lumineuses et éparpillées sur plusieurs bâtiments (personnes âgées ou handicapées, s’abstenir car les petites marches succèdent aux escaliers) ; les pièces ouvrent sur des terrasses, des jardinets et / ou la piscine avec une belle vue sur la campagne environnante.
A table la cuisine d’un jeune chef, David Chomette, qui, après avoir travaillé chez Bernard Loiseau et dans divers Relais & Châteaux, a posé ses couteaux au calme, heureux de pouvoir travailler dans ce cadre des matières premières de qualité proposées par les agriculteurs voisins. Preuve en est cette poularde de Culoiseau goûtée chez lui. Je n’avais jamais entendu parler de ce volatile là et pourtant sa viande était généreuse, tendre et goûteuse. C’est une toute proche exploitation qui a élevé et sélectionné ce produit de qualité qui à l’opposé des autres volailles même labellisées a eu la chance de vivre au moins 6 semaines supplémentaires (18 semaines au lieu des 11 ou 12 habituelles) afin d’atteindre sa maturité sexuelle et d’être donc vraiment « finie ». J’apprends par la suite que la mère des poussins et des futures poulardes s’est lancée en 2011 seulement dans ce produit qualitatif et que ses clients habituels se nomment déjà Thierry Marx, Pierre Gagnaire, Yannick Alléno, le boucher Yves Marie Le Bourdonnec.
Exception néanmoins ce jour là : j’ai eu la chance d’avoir ma poularde cuisinée lentement au foin dans une cocotte. Elle était tendre et de sa chair dense ressortaient de subtils parfums de terre, de fumé et d’herbes.. Habituellement le suprême de cette poularde est servi avec une sauce au vin jaune (23 €). Notre chef travaille donc les produits locaux tels que la charcuterie, les dérivés de la pomme. Au hasard et vus sur la carte ardoise qui change fréquemment, des entrées comme le pressé de pommes tièdes au boudin noir (10 €), la terrine de foie gras de canard à la gelée de cidre (17 €) ; des plats tels que le rôti de lotte et son risotto à l’ibérique (24 €), les noisettes de porcelet en pissaladière à la graine de moutarde (19 €) ; enfin des desserts qui se partagent entre la tarte sablée chocolat – caramel au beurre salé (8 €), le pain perdu aux abricots rôtis (9 €).
En semaine le menu est à 24 € (une aubaine) et le week-end à 35 €. Avec une chambre entre 90 et 150 € selon la taille, je me suis dit qu’un petit week-end de repos ici me permettrait sûrement de recharger mes batteries !
Villa Fol Avril
2 rue des Fers Chauds
61110 Moutiers au Perche
02 33 83 22 67
Les Poulardes de Culoiseau
02 33 73 87 36 et www.poularde-de-culoiseau.fr